Ajout du 04/04/2011 :
Concernant le volet économique du droit d’alerte, le Directeur Général des Opérations a diffusé le 04/04/2011 sur le réseau opérationnel, une communication annonçant un rétablissement de la tendance d’évolution des parts de marché depuis novembre 2011.
La Commission Économique va devoir obtenir les informations permettant d’évaluer :
- le niveau de rattrapage de part de marché par rapport aux pertes essuyées précédemment depuis plusieurs années et jusqu’à octobre 2011 inclus (les données de l’étude de droit d’alerte a couru jusqu’à septembre 2011) ;
- l’évolution de la valeur de Chiffre d’Affaire (CA), afin de savoir si le différentiel de parts de marché est dû à une réelle amélioration de notre positionnement de marché, ou à une chute de la concurrence qui nous rejoindrait vers des planchers d’activité que nous aurions atteints plus tôt qu’eux.
Ce jour le 21/03/2012, le Comité Central d’Entreprise (CCE) Manpower France a décidé de mettre en responsabilité l’actionnaire et les dirigeants actuels de l’entreprise, et porte en Assemblée Générale des actionnaires une alerte économique.
Par 22 votes favorables et 4 absententions, les représentants du personnel Manpower France au Comité Central d’Entreprise ont adopté la résolution suivante :
« Les membres élus du CCE ont exprimé lors de la réunion des 17 et 18 novembre 2010 leurs interrogations et inquiétudes sur la situation de Manpower portant notamment sur les points suivants :
- Dégradation du climat social et baisse très importante de la confiance des salariés envers la direction,
- Incompréhension sur la stratégie et le projet refondation mené trop rapidement sans concertation,
- Perte de parts de marché travail temporaire
- Réduction massive des effectifs en dehors de tout Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE)
- Gouvernance autoritaire
- Durcissement des relations sociales
- etc
Sans réponses satisfaisantes à leurs questions, les membres du CCE ont décidé de déclencher un droit d’alerte économique lors de la réunion du 22 décembre 2010 et confié une mission d’expertise sur le sujet au cabinet SECAFI, expert reconnu auprès des instances représentatives du personnel.
Malgré quelques difficultés avec la direction Manpower pour mener à bien leur mission dans un délai plus court, le cabinet SECAFI a rendu son rapport lors de la réunion CCE du 18 janvier 2012 qui met en évidence les principaux points ci-dessous :
- Absence de PSE, discutable : Suppression de 650 CDI entre 2007 et 2010 en dehors de tout plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) susceptible d’accompagner les salariés concernés contrairement aux obligations légales
- Recours important aux ruptures conventionnelles
- Absence de Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC) négociée
- Mise en cause de la stratégie et de la gouvernance Manpower (voir résultats enquête interne 2010 confirmés en 2011
- Très forte dégradation du climat social et des conditions de travail (voir résultats enquête interne)
- Pas de réel volet social ni association des instances représentatives du personnel, pour accompagner les différents projets
- Durcissement des relations sociales avec les instances de représentation du personnel
- Gouvernance autocratique fonctionnant essentiellement en mode descendant
- Manque de lisibilité et de compréhension de la stratégie
- Recul part de marché travail temporaire suite nombreux changements de stratégie
- Multiplication des projets de réorganisation sans conduite ni accompagnement du changement (lean management)
- Anticipation de gains de productivité par une réduction des effectifs alors que les outils n’étaient pas encore opérationnels ou totalement déployés
- Pertes liées au marché Pôle Emploi
- Problèmes liées à l’externalisation de certaines tâches (hot-line intérimaire, recouvrement…)
- Multiplication des indicateurs qui ne prennent pas toujours en compte certaines spécificités des agences ou Cnetre de Gestion Administrative (CGA)
- Captation des ressources au siège pour la conduite des projets qui a laissé les agences sans moyen face à des priorités trop nombreuses et difficilement gérables
- Organisation ManpowerGroup et fortes influences des différentes activités les unes avec les autres sans mise en œuvre d’une instance de représentation des salariés au niveau Groupe
- Difficultés relatives à la transparence entre Manpower France et le groupe Manpower France Holding et ses filiales
Et malgré tout, un niveau de marge opérationnel inférieur à ceux de ses principaux concurrents…
Lors de cette réunion, la direction s’est expliquée sur ses intentions, mais les réponses apportées n’ont pas répondu aux attentes des membres du CCE, de même qu’elles n’ont pas permis de lever leurs inquiétudes qui sont sans rapport avec le contexte économique dégradé mis en avant par la direction pour se dédouaner.
De plus, à l’issue de la réunion du CCE, la direction à violemment mis en cause les résultats de ce rapport, le travail et la méthode employée et précisée qu’elle n’entendait pas en rester là…
Cette déclaration prouve une fois de plus le caractère autoritaire, le manque de lien aux réalités de l’entreprise et le manque de remise en cause de la Direction qui nous semblent peu propices à une amélioration de la situation.
Au vu des conclusions du rapport, des explications et du positionnement de la Direction, le CCE décide de saisir l’actionnaire au titre du droit d’alerte économique qui sera inscrit à l’ordre du jour de la prochaine assemblées générale des actionnaires.
Pour ce faire, il mandate le Président de la Commission Économique et ses représentants auprès de l’actionnaire, pour lui présenter le rapport d’alerte économique. »
Voir aussi :
- la mention d’une dégradation assumée du dialogue social par la Présidente de l’entreprise, à travers le droit de retrait d’un dirigeant sur ces questions et son limogeage condamné par les Prud’hommes ;
- notre article antérieur sur le refus d’appliquer le droit des salariés à la prime sur dividende, au titre de l’exercice Manpower 2010 ;
- notre article antérieur sur la condamnation de la direction de Manpower France dans sa tentative d’intimidation judiciaire d’élus CHSCT ;
- notre article antérieur sur le nouveau désaveu de la direction par le Ministre du Travail dans sa démarche de suppression des CE ;
- notre article antérieur sur l’arrêt de Cassation coupant court aux velléités de la direction Manpower, dans sa volonté de suppression des intérimaires des CHSCT ;
- notre article antérieur sur les errements stratégiques et organisationnels de la direction de l’entreprise ;
- notre article antérieur sur les surprofits financiers pour l’actionnaire de l’entreprise ;
- notre article antérieur sur la confirmation de la condamnation de Manpower France pour fraude à la concurrence, le 10/01/2010 par la Cour d’Appel de Paris ;
- notre article antérieur sur les enjeux médiatiques autour de Manpower, illustré à propos des contrats passés par l’entreprise avec Pôle Emploi ;
- notre article antérieur sur la poursuite et l’accélération de la destruction massive d’emplois dans le cadre du processus de « Refondation » de Manpower France et les déclarations presse « inexactes » de la Présidente ;
- notre article antérieur sur les déséquilibres socio-économiques dans l’entreprise Manpower France ;
- notre article antérieur sur l’importance des risques psycho-sociaux portés par la politique de Refondation mise en oeuvre ;
- notre article antérieur évoquant des précédents de communication de la direction Manpower visant à manipuler et à dissimuler la réalité.
- notre article antérieur sur l’interruption par la direction de la négociation sur la GPEC en février 2008.