La CFTC Manpower ne signe pas l’accord sur le Plan d’Épargne Retraite COLlectif (PERCOL), à cause de la dangerosité financière et juridique du dispositif, dont la seule garantie réelle est le profit financier court terme qu’il va générer pour l’entreprise Manpower

Invités par la direction à des négociations pour la mise en place d’un Plan d’Épargne Retraite COLlectif (PERCOL) pour tous les salariés intérimaires et permanents Manpower, et bien que demandeurs d’une telle mise en place, vos représentants du personnel CFTC-interim Manpower ont décidé de ne pas signer cet accord.
Cette non-signature de la CFTC n’est donc pas une position de principe d’opposition au dispositif PERCOL, mais est le résultat des termes de la mise en place qu’a décidé la direction, suivie par des signataires finalement très peu regardants ni professionnels.

Prestataire Amundi imposé comme gestionnaire de votre retraite pour toute une vie : bras armé de la finance anglo-saxonne, fraudeur financier déjà condamné à des dizaines de millions d’euros d’amendes

Sur le simple plan de la méthodologie, la direction a paradoxalement décidé de fermer arbitrairement le choix du prestataire, en se portant sans aucune discussion possible sur Amundi. Alors qu’en temps normal, les pratiques dans ce domaine sont de solliciter plusieurs prestataires différents et de choisir la meilleure proposition (celle qui rapporte le plus à ses salariés), la direction Manpower a étonnamment fait le choix de ne pas jouer la concurrence. Pour aller (trop) vite ? Quoi qu’il en soit, elle a ainsi offert ce contrat à Amundi sur un plateau, en refusant de s’expliquer sur ce choix quand vos représentants CFTC-Intérim Manpower l’ont interrogée sur cette précipitation fermée, méthodologiquement peu conforme.
À titre de comparaison, Adecco qui est fort d’un PERCO de plus de 20 ans, a fait le choix de passer par Natixis Interépargne. Il est pour le moins dommage de ne pas les avoir sondés pour connaitre leur offre, quitte à demander ensuite à Amundi de rediscuter.

Doit-on, comme pour le passage de la Mutuelle de chez Mercer vers AON, voir dans ce manque de concurrence et de transparence l’ombre du fond de pension BlackRock, propriétaire de Manpower qui entretient des relations croisées avec Amundi ? Probablement. Ce qui serait éventuellement envisageable, si cela était fait en toute transparence et si nous étions certains d’avoir les meilleures conditions d’investissement au service des salariés Manpower. D’autant qu’Amundi est une entreprise financière douteuse, déjà condamnée pour fraude à plusieurs dizaines de millions d’euros d’amendes en Europe (https://www.capital.fr/entreprises-...)
Et tant que nous sommes sur le domaine financier, il est bon de rappeler qu’un PERCOL n’est jamais garanti. Cela reste un investissement financier, boursier, où le salarié peut perdre toute son épargne. Certes cette probabilité est faible, mais la crise des subprimes de 2007-2008 n’est pas si loin. À l’époque, les deux banques françaises à avoir alors le plus perdu dans cette crise avaient d’ailleurs été le Crédit Agricole et la Société Générale, deux banques actionnaires d’Amundi...
Quoi qu’il en soit, la CFTC-Intérim insiste sur le fait que la direction devra bien expliquer le risque financier lors du déploiement du dispositif. En ce qui nous concerne, la CFTC Manpower aura fait son possible envers les salariés, comme directement au travers également de cet article et de nos tracts internes à l’entreprise.

Un PERCOL juteux pour l’employeur Manpower, qui permet à la direction Manpower jusqu’à 40% d’exonérations de majoration salariale et de cotisations

Par le PERCOL, la direction Manpower fait beaucoup d’économies d’exonérations de cotisations sociales (votre revenu différé de salarié), mais dont elle ne vous redistribuera qu’une portion au travers du dispositif PERCOL, sous forme d’un dispositif par ailleurs non garanti. Lorsqu’un employeur rachète des JRTT dans le cadre d’un *PERCOL, il gagne déjà 10% du montant pour les cadres et 25% pour les non-cadres, s’agissant d’heures supplémentaires puisque non récupérées par le salarié.
Nous demandions donc 30% d’abondement pour tous, car ces jours placés en PERCOL permettent à la direction Manpower d’économiser 15% supplémentaires, sous forme d’exonérations de cotisations sociales.
Le profit pour la direction de jours versés sur un PERCOL par un salarié se situe entre 25% (salariés cadres) et 40% (salariés non cadres), moins les 15€/an frais de gestion pris en charge par Manpower, mais seulement pendant votre présence dans l’entreprise.

Bien que non signataire, c’est bien sous l’impulsion de la CFTC Manpower que l’abondement employeur de vos jours placés en PERCOL sera quand même remonté à 25%

Pour information, bien que non-signataire, vos élus CFTC-Intérim font toujours en sorte de négocier le meilleur accord possible et c’est sous l’impulsion de la CFTC-Intérim que la direction a accepté de monter l’abondement à 25%. Initialement prévu à 15% (où certains syndicats étaient déjà prêts à signer), puis à 20% (où d’autres syndicats voulaient signer) au titre que c’est une nouveauté chez Manpower et que notre non-expérience ne nous permettait pas de prédire des chiffres à l’équilibre avec un taux plus haut, c’est la ténacité des négociateurs de la CFTC-Intérim rappelant que chez notre concurrent Adecco, de taille quasi-équivalente, le taux est de 25%, que la direction a fini par accepter ce taux.

Pour l’anecdote, la CFTC-Intérim était pour le placement de la Prime de partage de la valeur des salariés permanents. Mais encore faudrait-il que Manpower prenne le train tant qu’il est en marche. Refus évidemment de la direction, qui loupe encore une belle occasion de donner du pouvoir d’achat à ses salariés permanents après une NAO bien décevante.

Un PERCOL surtout très juteux aussi pour Amundi : l’arnaque à grande échelle de la captation de la participation aux bénéfices des salariés par les frais de gestion Amundi, notamment pour le public des salariés intérimaires

Amundi, directement sollicité par vos représentants CFTC Manpower et après insistance, nous ont finalement appris qu’une fois quitté l’entreprise Manpower, ces

frais de gestion Amundi étaient actualisés hors accord conventionnel d’entreprise. Actuellement, ces frais prélevés sur votre épargne de salarié reviennent à 35€ par an

(au prix actuel, sous réserve des augmentations futures),

jusqu’à sortie du dispositif PERCOL, lors de votre retraite...

Cela concerne évidemment tous les salariés intérimaires de travail temporaire en CTT, mais aussi tous les salariés permanents et intérimaires CDII, dés lors qu’ils quittent l’entreprise Manpower.

Autre point qui concerne nos collègues salariés intérimaires et CDII au premier chef : au cours de la négociation, vos représentants CFTC Manpower ont demandé à ce que la participation des salariés intérimaires ne puisse pas basculer sur le PERCOL. La direction a fait le choix de ne pas nous écouter.

Voici pourquoi nous avions formulé cette demande, et la conséquence du refus de la direction en toute connaissance de cause :

Aujourd’hui, les salariés intérimaires CTT et CDII qui touchent plus de 80€ de participation (ceux en dessous sont débloqués automatiquement), ont trois semaines pour décider du placement ou du versement de leur participation. En 2023 :

  • 82% de ces salariés ont fait le choix du versement direct ;
  • 4% ont fait le choix d’épargner la somme ;
  • les autres 14% des salariés intérimaires, n’ont fait aucun choix sur leur participation aux bénéfices.
    Cette absence de choix d’une part importante des salariés intérimaires s’explique pour des raisons diverses :
  • courriel d’Amundi tombé dans les pourriels et pas vu,
  • courriel pas compris,
  • courriel pris pour une arnaque,
  • perte du mot de passe et difficulté pour en regénérer un auprès d’un numéro de téléphone support dédié,
  • salarié en congés,
  • adresse courriel mal renseignée dans espace ressource.

Les 14% d’intérimaires qui n’ont pas formulé de choix pour leur participation aux bénéfices, se voyaient jusqu’à présent bloquer la somme sur le compte épargne pour 5 ans seulement (sauf activation d’une des 12 clauses de déblocage anticipée), à comparer par rapport au désormais versement PERCOL automatique pour 50% de la somme, qui sera alors bloquée jusqu’à la retraite.

Si Manpower prend en charge les frais de gestion du PERCOL de tous ses salariés, un salarié intérimaire est par définition précaire et n’a que très peu de chance de travailler de façon continue avec Manpower, et encore moins jusqu’à sa retraite. Dès lors qu’il ne sera plus salarié Manpower, il se verra appliquer des frais de gestion de 35€/an (coût actuel). Autant dire que le salarié intérimaire pas informé ou étourdi, qui aura alors une somme bloquée sur le PERCOL malgré lui, verra cette somme rapidement grignotée par les frais de gestion Amundi et perdra donc sa participation aux bénéfices en quelques années seulement.

Seule échappatoire pour les salariés intérimaires qui se seraient fait piéger :

  1. s’en apercevoir avant le délai d’un mois,
  2. payer un racket de 26€ de frais de déblocage (prix actuel) à Amundi pour récupérer la somme.
    À la vue du montant des participations versées, ce montant de frais est totalement disproportionné et confiscatoire ! : pourquoi de tels frais pour une participation versée par Amundi, vers un PERCOL géré par Amundi ?

Lorsque les élus évoquent cette problématique avec la direction, celle-ci rétorque que c’est un petit sacrifice à faire pour le bien commun de tous les autres et que refuser de signer cet accord à cause de cela « c’est faire part d’extrémisme ». Parmi les valeurs de la CFTC, figure deux notions : la fraternité et le respect de la dignité de chaque personne et vos représentants CFTC-intérim Manpower ne les renieront pas. Nous continuerons à défendre tous les salariés en portant une attention particulière aux plus précaires et c’est bien la direction qui a fait preuve d’une certaine forme d’extrémisme, en prenant une telle décision alors qu’il suffisait de ne pas permettre le versement de la participation des salariés intérimaires et CDII sur le PERCOL pour que cet accord devienne acceptable.

Voici comment la CFTC-intérim Manpower interprète le pourquoi de la mise en place de ce piège, qui privera dans les faits de nombreux salariés intérimaires de leur participation aux bénéfice :
La direction Manpower, cyniquement, préfère coincer et donner la participation aux bénéfices des salariés intérimaires au financier Amundi pour qu’elle y disparaisse rapidement, pour ainsi ne pas avoir de frais de tenu de compte épargne à payer pendant les 5 ans de la conservation légale de cette épargne. À la CFTC, nous trouvons ce cynisme ignoble, et désapprouvons les syndicats qui se font le jeu et l’instrument de cette logique.

Que seront les conditions contractuelles de gestion du PERCOL dans les futures années ? Elles sont non définies par l’accord

Lors de la dernière réunion de présentation du dispositif, les représentants CFTC ont finalement appris que même les modalités actuelles entre Amundi et Manpower ne sont pas encore toutes finalisées, et qu’elles seront de toute les façons variables et adaptables au gré de ce qu’auront décidé d’imposer Amundi et Manpower au salariés, au fil des années jusqu’à votre retraite.

Que seront les droits et contraintes d’épargne pour les salariés intérimaires retraités et les salariés permanents en aménagement fin de carrière ? Ni la direction Manpower, ni Amundi ne sont en capacité de le dire...

Exemple de point non défini : la direction n’a même pas encore pensé aux nombreux salariés intérimaires déjà retraités, dont le nombre va croissant dans les effectifs. Auront-ils le droit d’avoir un PERCOL ? La direction et Amundi ne savent pas. Ils n’y avaient pas pensé. Il faut attendre pour savoir.
Dans le même style, les salariés permanents en aménagement de fin de carrière pourront-il avoir un PERCOL ? On ne sait pas encore. Il faut attendre pour savoir.

Comment seront articulé le CET et le PERCOL pour les ICCP et les CP que pourront placer les intérimaires ? Ni la direction Manpower, ni Amundi ne sont en capacité de le dire...

Autre question en suspens, quid des 20% d’ICCP qui peuvent être placés sur le PERCOL pour les intérimaires. Seront-ils abondés à 8% sur le CET ou devront-il être placer directement sur le percol ? Personne ne sait encore et n’a pu répondre aux représentants CFTC Manpower à la négociation. Il faut attendre pour savoir.
Autre question en suspens, quid des 5 jour de CP qui peuvent être placés sur le PERCOL pour les CDI-I. Seront-ils abondés à 8% sur le CET ou devront-il être placer directement sur le percol ? Personne ne sait encore et n’a pu répondre aux représentants CFTC Manpower à la négociation. Il faut attendre pour savoir.

Des négociateurs finalement donc bien insouciants et insoucieux du devenir réel de l’épargne retraite des salariés Manpower

À ce titre, vos élus CFTC-Intérim estiment qu’il est quand même bien dommage de mettre à la signature un accord qui engage votre épargne jusqu’à la retraite parfois pour des dizaines d’années, sans avoir tous les tenants et aboutissants. C’est comme signer des dizaines de chèques en blanc à la direction Manpower, pour qu’elle en renseigne ensuite annuellement jusqu’à votre retraite et a posteriori le montant du coût des conditions. Mais à qui seront favorables ces conditions ? À Manpower ? Au géant de la finance Amundi ? Ou à nous autres salariés ?

Résumons :

  1. La direction Manpower économise immédiatement en profits nets d’exonérations de cotisations, entre 25% (salariés cadres) et 40% (salariés non cadres), prélevés sur vos revenus différés sécurité sociale ;
  2. Vous récupérez le reste sous format de PERCOL (qui est également un revenu différé), mais soumis à des frais de gestion et autres conditions tarifaires, mais qui vous échappent totalement et que vous subirez jusqu’à votre retraite ;
  3. Le tout dans un accord qui n’a donc juridiquement ni cadré les frais et contraintes de gestion, ni adapté le dispositif à l’ensemble des différents cas de situation concrète des salariés intérimaires et permanents Manpower.
  4. Vous devez faire le pari que la filiale financière Amundi de BlackRock sera non seulement motivée par votre intérêt et autre chose que son propre profit, mais aussi qu’elle sera meilleure gestionnaire qu’un système de sécurité sociale traditionnel. Vous devez faire le pari que d’ici votre retraite, Amundi n’aura pas capté votre épargne dans les frais de gestion ni ne l’aura flambée dans des placements financiers douteux (comme elle a déjà été condamnée dans ses pratiques), au service des intérêts de sa maison mère américaine.

Les représentants CFTC Manpower considèrent les signataires de l’accord, direction Manpower incluse, comme irresponsables devant les salariés Manpower.

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Voir aussi :