Depuis des années, la CFTC-intérim a concrètement agi contre les dérives financières initiées dans les années 2000. Contre l’ensemble des élus des autre syndicats, c’est elle qui par exemple avait historiquement dénoncé la mise en place des redevances financières ou des charges groupe, manière de remonter l’argent à l’actionnaire sous forme de charges en niant les résultats bénéficiaires. Vingt ans après, ces raisonnements ont été enfin globalement repris par la majorité de la représentation du personnel.
L’année dernière, les élus CFTC ont souhaité que les instances responsabilisent les dirigeants de l’entreprise sur les indicateurs économiques très préoccupants, même s’ils peuvent sembler corrects lorsqu’ils sont bordés superficiellement. Par exemple, la baisse historique sous les 10% de la part de marché Manpower sur l’intérim.
Cette analyse a enfin été portée à travers un avis rendu le 15/06/2023 par le CSEC Manpower, sur la situation économique de l’entreprise.
Retrait le 30/11/2023 de l’avis du CSEC reproduit :
Si vous ne pouvez plus lire ici pour le moment l’avis du CSEC que la direction Manpower veut dissimuler, suite à une décision de référé à valeur conservatoire (qui ne juge pas le fond), la CFTC-intérim n’entend pas subir de discrimination à la communication, ni de censure généralisée sur des données, encore moins sur le sentiment exprimé par la représentation du personnel sur la situation de notre entreprise et le besoin impérieux que ses dirigeants et actionnaires se ressaisissent.
Voir la décision de référé :
La CFTC-intérim interjette appel de la décision, qui en l’état crée selon elle un trouble manifestement illicite :
- une atteinte à la liberté d’expression syndicale, en particulier du fait que l’employeur n’a pas respecté les règles de définition de la confidentialité des données économiques, ni ne peut en tout état de cause vouloir empêcher des commentaires expurgés de toute donnée,
- d’autant moins que la direction ne fournit pas aux syndicats les moyens légaux de la communication électronique, qui doivent permettre aux salariés de recevoir électroniquement les tracts s’ils le souhaitent,
- ainsi qu’une discrimination du droit à communication entre les différents syndicats.
Ajout du 10/11/2023 :
La CFTC-intérim Manpower refuse la culture actuelle de censure de l’espace public à la seule mesure des pouvoirs et intérêts financiers, que la direction Manpower tente d’imposer à son profit :
La confidentialisation des données chiffrées portées à cet avis a été réalisée suite à une demande de la direction Manpower. Sa demande de suppression totale de la publication de cet avis a été refusée par la CFTC-intérim Manpower, dans les termes de l’échange suivant entre la CFTC-intérim Manpower et la direction Manpower :
De : Y, délégué syndical central CFTC-intérim Manpower
Date : lun. 6 nov. 2023 à 11:49
Subject : Re : Communication avis du CSEC du 16 juin publié sur le site CFTC intérim le 11 juillet
To : X, directeur des relations sociales ManpowerMonsieur le directeur des relations sociales,
Nous sommes au regret de ne pas pouvoir donner suite positive à vos menaces et intimidations, car celles-ci sont déplacées et attentatoires à la liberté d’expression, en ce qu’aucun éléments confidentiel ne transparait dans l’avis expurgé que nous avons publié. Alors que nous avions transigé en un premier temps pour expurger les éléments chiffrés, vous semblez en ce qui vous concerne, incapable d’appréhender ce sujet de manière raisonnable et équilibré.
L’inutilité de l’expurgation que nous avons réalisée pour satisfaire votre appétit de censure, prouve que la réelle motivation de votre démarche est la gêne de la direction face à son incapacité encore à ce jour, d’assumer la responsabilité de sa gouvernance sur l’état interne social et économique de l’entreprise (taux de renouvellement des personnels permanents catastrophique, absence de politique RH des salariés intérimaires, pertes de parts de marchés...). Ce n’est pourtant pas faute pour la CFTC-intérim, d’avoir interpellé sagement en interne la direction depuis de très longues années sur cette dégradation, la direction devant encore à ce jour se libérer de l’emprise de ses dogmes financiers. Nous taire ne ferait que retarder cette prise de conscience et cette acceptation, que dispenser la direction du courage nécessaire à rompre avec ses confortables habitudes de spéculation sur la réalité sociale et économique de l’entreprise. La direction doit-elle encore apprendre que de casser les thermomètres ne guérit pas les malades ?
Et à propos des moyens qui nous sont disponibles pour communiquer aux collègues de l’entreprise, indépendamment de ce sujet de désaccord, mais sur des sujets qui restaureraient des voies internes de communication jusqu’ici usuelles, ou externes légales que vous nous devez et que nous vous réclamons depuis longtemps :
- quelle est la nouvelle procédure de diffusion interne de tracts papiers à l’intention des salariés permanents du réseau opérationnel et du siège, suite au déménagement et la réorganisation du service courrier ?
- réitération de ma question initiale à votre injonction de censure, à laquelle vos menaces n’ont, et je le regrette, manifestement pas laissé de place pour une réponse si ce n’est amicale, ne serait-ce qu’argumentée : quand l’employeur Manpower mettra-t-il en place les obligations relatives au 3° de l’article L2142-7 du CdT, qui dispose que :
« L’utilisation par les organisations syndicales des outils numériques mis à leur disposition doit satisfaire l’ensemble des conditions suivantes : (...) 3°) Préserver la liberté de choix des salariés d’accepter ou de refuser un message » ?
Nous sommes sur ce sujet, toujours à disposition pour mettre en conformité l’accord de droit syndical.Considérez cette réponse comme une lettre ouverte à votre injonction de censure, que nous publierons conjointement (de manière anonymisée également) avec l’article incriminé.
Cordialement.
Y, délégué syndical central CFTC-intérim Manpower.
Le ven. 3 nov. 2023 à 18:30, X directeur des relations sociales Manpower) a écrit :
Monsieur le Délégué Syndical Central,
Comme nous vous l’avons précisé lors de notre mail du 27 octobre 2023, l’avis du Comité Social et Economique Central (CSEC) fait partie du procès-verbal de la réunion et n’a en aucun cas vocation à être diffusé en dehors de l’entreprise même expurgé de quelques données. Les informations économiques et financières que cet avis contient revêtent un caractère confidentiel et ont été présentées comme telles.
Nous vous rappelons que leur diffusion en dehors de l’entreprise constitue donc non seulement une violation de l’article L.2315-35 du code du travail mais également une violation de l’obligation de discrétion qui pèse sur les membres de la délégation du personnel du CSEC et les représentants syndicaux en application de l’article L.2315-3 du code du travail notamment.
En conséquence, nous vous demandons le retrait pur et simple de l’avis du CSEC sans délai, à défaut nous serons contraints de saisir les juridictions compétentes pour obtenir ce retrait. Vous avez fait une petite partie du chemin, finissez le.
Bien cordialement
X
Direction Relations Sociales/ QVCT
Directeur des Relations Sociales et de la QVCT