L’accord logistique Manpower a pris fin le 3/3/2023

La direction Manpower a-t-elle consciemment tardé et raté le délai pour renégocier l’accord logistique qui parvenait à terme ? En effet, après 2 ans l’accord a pris fin le vendredi 3 mars 2023. Cela signifie que depuis ce jour-là, la direction doit réaliser les démarches et demandes administratives pour le travail exceptionnel : nuit, équipe, week-end, etc.

Un accord inutile du point de vue de l’activité commerciale

Selon la direction lors de la 1re négociation, l’accord devait permettre à l’entreprise de faire progresser le taux de pénétration dans le secteur logistique de +2.5% parts de marché d’ici fin 2024. C’est un marché stratégique et qui offre de grosses perspectives pour Manpower et les équipes. L’accord visait à permettre de coller au plus près des attentes des clients, en particulier sur la ressource.

Désormais, le chiffre d’affaires (CA) concerné est près de 10 millions d’€ sur 2022, ce qui reste modeste en comparaison au CA Manpower.

La direction est néanmoins contente de cette absence de résultat au prix pourtant de la déstructuration des conditions de travail des salariés permanents, et souhaiterait l’étendre à d’autres secteurs

Pour la direction Manpower, qui ne donne pas les parts de marchés (PDM) ni dans le secteur logistique et ni chez les clients ciblés, le CA 2021 et 2022 est faible mais l’accord logistique aurait été une sorte de pilote. Pour les clients, ils auraient été satisfaits d’avoir la présence des permanents sur leurs plages horaires de travail, ce qui aurait favorisé la relation commerciale et opérationnelle.
Exemple : les chefs d’équipe de nuit n’étaient jamais rencontrés auparavant.

Manpower peut-il se contenter d’une seule satisfaction « relationnelle » au bout d’un an, mais d’un échec sur le CA et la PDM dont l’accroissement sur ce secteur stratégique justifiait pourtant son besoin ?

La Direction reconnait cet échec et pense n’avoir pas assez communiqué, notamment dans la presse spécialisée. La direction pense toutefois que l’expérience de cet accord était positive et souhaiterait l’élargir, car répondant selon elle aux besoins des demandes de solutions des entreprises utilisatrices.

C’est pourquoi la direction Manpower ldemande désormais d’élargissement du NES 38 Transport Logistique au NES 38 Industrie :
• Aut. ind. manuf., répa. & inst. de mach.
• Fab. aliments, boiss. & prdts base tabac
• Fab. prod. informat., électroniq. & opt.
• Fab. ps caou., plas., aut. ps mi. non m.
• Fab. textiles, ind. hab., cuir & chauss.
• Fabrication de machines & équipements n.c.a.
• Fabrication de matériels de transport
• Fabrication d’équipements électriques
• Industrie chimique
• Industrie pharmaceutique
• Industries extractives
• Métallurgie & fabrication. ps mét. sauf machine

Pour la CFTC c’est une confirmation de ce qu’elle avait déjà présagé lors de la première négociation à savoir la direction souhaite ouvrir de façon bien plus large cet accord, qui du coup ne s’appellera plus accord logistique, mais qui touchera la quasi-totalité de nos agences et les conditions de travail de nos collègues permanents.

Pour la CFTC Manpower, c’est un refus pour reproduire un accord idéologique, par ailleurs totalement indigent en terme de compensations pour les salariés

Après 2 ans d’application, la CFTC ne voit absolument aucun bénéfice ni pour les salariés intérimaires, ni pour les salariés permanents, ni pour Manpower, seul le client y gagne. Sachant qu’Amazon, pour qui l’accord avait été prévu, a mis fin à la prestation Manpower au bout de 4 mois...

La direction n’a même pas pris la peine de nous communiquer un chiffrage du gain réel pour les salariés ayant participé à cette « expérience », alors que la valeur ajoutée d’un tel accord pour les salariés passe par un prix.

Autant dire que la CFTC Manpower n’est pas prêt de contribuer à la remise en place d’un accord qui modifie les temps et rythme de travail en agence. Nous craignons aussi que ce ne soit la porte ouverte à la remise en cause de l’accord 35h chez Manpower. Nous pouvons également nous demander pourquoi les autres enseignes du Travail Temporaire ne se sont pas engouffrées dans cet accord…


Voir notre article précédent de critique de l’accord logistique non signé par la CFTC Manpower lors de sa mise en place.