Le groupe Manpower a annoncé ce jour le rachat de 5 millions d’actions pour un montant maximum de 400 millions de dollars.
(Voir un article américain sur le sujet http://money.cnn.com/news/newsfeeds/articles/prnewswire/AQM17327082007-1.htm.)

En faisant porter cet énorme effort sur l’entreprise et ses salariés, nul doute que M. Joerres et l’ensemble de nos dirigeants parviendront à soutenir et à remonter le cours de leurs stock-options [1], car l’action Manpower a dévissé au travers de la grande crise financière actuelle.
Cette opération, très coûteuse pour l’entreprise et ses salariés, ne constitue même pas une rémunération de l’actionnaire pour son capital investi : elle ne vise en fait qu’à tenter de contenir la chute du cours de l’action Manpower, et ne présente donc aucune utilité économique en tant que tel.

En effet, un actionnaire en situation normale se fait rémunérer par l’entreprise l’apport de ses capitaux, qui financent l’entreprise, en prélevant en retour des dividendes. Là, nous sommes dans une situation où l’actionnaire n’a même plus à apporter les capitaux, car ce sont l’entreprise et les salariés qui les fournissent (à travers un rachat d’action de 400 millions). Le cours de l’action étant artificiellement surévalué par cette politique de rachat, cela signifie que l’actionnaire va se faire rémunérer des dividendes surévalués, sur des capitaux qu’il n’aura même pas apportés ! Nous sommes dans une logique totalement analogue à celle d’un LBO (leverage buy out)...

Nos décideurs financiers actionnaires (banques, fonds de pension...) et dirigeants vont donc s’auto-renflouer à hauteur de centaines de millions de dollars, et ont à nouveau décidé d’utiliser le fruit du travail des salariés pour ce faire.

Au travers de cette décision, on est loin du principe où l’investissement
financier assume ses erreurs et ses abus.


Ajout du 10/09/2007 :

En terme de stratégie économique, la CFTC Manpower observe et compare les opérations spéculatives ci-avant évoquées avec la stratégie économique d’investissement d’une société concurrente, qui vient d’annoncer un nouveau rachat d’entreprise en Allemagne, place industrielle forte en Europe. (Voir un article de La Tribune sur le sujet : http://www.latribune.fr/info/Adecco-acquiert-15--de-sa-filiale-allemande-DIS-pour-219-millions-d-euros-~-ID442A93948D7CD53DC125734C001E5DD8.)

Pendant que certains dégagent et spéculent du bénéfice en lieu et place d’investir, d’autres choisissent d’investir pour pouvoir dégager demain du bénéfice.

Sans commentaire...